La tenue académique, avec la toge et le mortier, est la tenue distinctive des universitaires dans le monde entier. En Europe, hormis la Grande Bretagne, elle a été délaissée au cours de ce dernier siècle.
Cependant, sous l’influence de la tradition américaine, de plus en plus d’écoles de commerce en Europe se sont enthousiasmées à l’idée de porter une robe académique pour la remise des diplômes. Les efforts fournis pour établir un standard commun aux pays de l’union européenne (Accord de Bologne) participent à cette tendance. Et qui plus est, tous les étudiants regardent leurs collègues à l’étranger porter la robe académique avec jalousie. Le mortier et la toge sont un signe de réalisation et de plaisir: « Hourra, nous avons réussi! »
La tradition de la robe académique nous vient du Moyen Age (12ème/13ème siècle). A cette époque, les universités étaient régies par le clergé, les professeurs étaient des moines et leurs étudiants portaient également une sorte de toge à capuche.
Les premières universités étaient dédiées à la théologie, la médecine et au droit. En Europe, jusqu’au début du 19ème siècle, tous les professeurs étaient également membres du clergé. L’Angleterre fût parmi les premières à abolir cette tradition en 1858.
Avant cela, on portait les toges et mortiers tous les jours. Ce serait paraît-il pour pallier à la froideur des salles de lecture. En Angleterre, les professeurs ont porté la robe quotidiennement bien après la deuxième guerre mondiale, tandis que dans le reste de l’Europe, son port était réservé aux occasions spécifiques.
Les robes académiques d’Oxford et de Cambridge étaient connues du monde entier. Ces deux universités furent mentionnées pour la première fois en 1222. Leur fondateur était l’ecclésiaste anglais bien connu, Stephen Langton, archevêque de Canterbury. A son idée, il dota ses serviteurs de l’église d’un uniforme spécial, la « cappa clausa », une toge à la coupe généreuse. Quelques temps plus tard, il devint le modèle de référence pour la robe académique. D’autres universités l’ont augmenté par la suite d’une capuche, une écharpe, une étole etc. afin de se distinguer les unes des autres.
La « cappa clausa » fut introduite aux Etats Unis par les premiers colons. Harvard et d’autres universités l’adoptèrent telle quelle. Ce ne fut qu’à la fin du 19ème siècle qu’ils y apportèrent quelques modifications pour se distinguer des autres. Peu à peu, la couleur et le style des toges changèrent pour le Bachelor (notre Licence ou Master I), le Master (ancienne maîtrise, ou Master II) ou le Doctorat. Le Conseil Americain à l’Education adopta un modèle standard en 1932. Cependant, malgré cela, certaines universités ont créé leur propre modèle. Aujourd’hui il existe pléthore de styles différents. L’université de Harvard utilise des toges rouges, celles de l’université de Yale sont bleues. Le degré du diplôme est défini par la coupe de la toge. La capuche et l’étole définissent la faculté.
Le chapeau a sa propre histoire. Il existe plusieurs versions quant à son origine. Pour certains, au 5ème siècle, on attribuait aux personnalités importantes un chapeau de forme carrée appelé « Nimbus ». Il symbolisait l’auréole de lumière apparaissant autour d’une personne distinguée, une « nimbe ». Sa fonction était ainsi de représenter la dimension spirituelle grâce au symbole de la lumière. Le mortier académique porte la mémoire de cette coutume et de cet honneur. Ils devinrent très à la mode pendant la période Médicis à Florence. A leur retour dans leur pays, les étudiants emportèrent la tradition avec eux.
Selon une autre histoire, on dit qu’il y avait au moyen âge un chapeau très populaire appelé « pileus » ou béret, un genre de feutre. C’était le chapeau des frères laïcs, on les trouve mentionnés pour la première fois en 1311. Au milieu du chapeau était cousu un petit bouton carré. Avec le temps, il devint de plus en plus grand et fut fixé sur un support jusqu’au mortier que nous connaissons. Les étudiants avec leur infaillible instinct pour la logique ont découvert qu’il ressemblait au mortier des maçons et le nommèrent ainsi. Aujourd’hui il existe deux sortes de toques. La tradition de Cambridge résulta en un chapeau mou du genre béret, qui donne un meilleur aperçu de ce que le pileus du 14ème siècle pouvait être que son rival, le chapeau ou mortier d’Oxford, célèbre pour son inflexibilité quelque soit la force du vent. Ce dernier devint le modèle standard de coiffe académique dans le monde entier. Je pense aussi qu’Oxford gagne la course de la Tamise plus souvent.
Le pompon est mentionné seulement depuis 1770. En Amérique du Nord, les candidats sont invités à porter le gland sur la partie avant droite avant la remise du diplôme et à le faire passer du côté gauche une fois leur diplôme attribué. Cependant, un nombre d’institutions mondialement ont adopté cette pratique. Sur toutes les photos de graduation officielles dans le monde, le pompon est porté à gauche.
En Allemagne, le mortier est appelé « Doktorhut ». Pour expliquer cela, une courte excursion dans l’histoire académique est nécessaire. Pendant l’age des Romains et au début du Moyen Age, « Docteur » signifiait n’importe quel enseignant ou érudit. Après la création d’un règlement d’examen du 12ème siècle, le titre de diplôme universitaire est utilisé de manière interchangeable avec « Magister » ou « Licencié ». Dans certains pays, c’est toujours le cas aujourd’hui. En Italie chaque étudiant est un « dottore » après avoir terminé ses études. Dans cette tradition, le chapeau a obtenu son nom et marque tous les diplômés du collège.
Pour terminer quelque chose à sourire. Au Moyen Age, le diplôme en Allemagne (alors appelé doctorat) conférait aux détenteurs les privilèges personnels de la petite noblesse. Par exemple, les diplômés ne pouvaient pas être torturés. Est-ce que cela donne au chapeau peut-être son attrait?